Métamorphoses d’une comète
La reconstitution historique à l’œuvre dans le film utilise un matériau composite : des phénomènes naturels et de société mais aussi diverses œuvres artistiques. Les réalisatrices utilisent ce matériau en oscillant entre précision naturaliste et détournements poétiques. Qu’en est-il du motif de la comète ?
Les cartons : rendre poétique le discours scientifique
Quatre cartons décrivent les comètes, de façon très objective, comme dans un dictionnaire ou un ouvrage scientifique. Mais placés entre des images qui n’ont a priori rien à voir avec les comètes, ces propos scientifiques acquièrent une portée métaphorique, d’abord énigmatique puis de plus en plus évidente : c’est bien du personnage principal dont il est question, c’est lui qui n’est « pas parvenu à s’intégrer » et dont la trajectoire est « très excentrique ».
La comète en peinture : l’image d’une image d’une image
Le film se clôt sur une comète scintillante, pas du tout peinte de façon naturaliste, ce qui tranche avec le soin apporté par ailleurs aux détails qui font vrai. On découvre au générique que cette image, qui contraste aussi avec le discours scientifique des cartons, est en fait une citation. Les réalisatrices ont en effet repris la comète peinte par Paterson Ewen en 1979 :
 |

|
|
La comète de Halley vue par Giotto
Art Gallery of Ontario © Mary Alison Handford |
Mais, comme le titre de cette peinture l’indique, cette comète est elle-même inspirée d’un détail d’une fresque de Giotto. C’est en fait l’étoile de Bethleem, annonciatrice de la naissance de Jésus aux mages, que Giotto représentait comme une comète. Le peintre a pu observer la comète de Halley en 1301.
|

|

|
|
L’Adoration des mages (1303-1306) - extrait
|

La comète de Halley
photographiée par la sonde Giotto (1986) |
Étrange voyage que celui de cette comète, photographiée en 1986 par une sonde baptisée Giotto, et dont les clichés ont de quoi raviver l’imagination des poètes et des peintres… Du document à la fiction… |
|